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Cécile Guéret

Témoignage de Madeleine, 34 ans, qui aimerait accueillir des réfugiés chez elle.


Madeleine, 34 ans : “Je crains d’être tyrannique dans ma bienveillance”

« J’ai rempli le formulaire Calm pour accueillir des gens chez moi. Je ne peux pas m’indigner dans les dîners et ne rien faire. Je veux être à la hauteur des idées que je défends. Je voudrais donner un peu de protection, comme en a reçu ma famille pendant la guerre. Quand elle a fui les bombardements, un agriculteur l’a hébergée pendant deux ans ! J’y vais avec mes yeux de Bisounours, mais je ne suis pas sûre d’être capable d’entendre ce qu’ils ont vécu, toute cette violence. Je fais face à pas mal de peurs : me faire voler des affaires, partager mon intimité, me faire violer (je vis seule), ne pas les aimer… J’aimerais qu’il y ait un enfant, car ça me semble plus facile. J’aimerais aussi qu’on devienne copains… Et tout de suite m’arrivent ces pensées immondes : je me vois avec “mes” réfugiés à la maison, attendant que mes amis me trouvent formidable ! Et en même temps, je suis dure avec moi : quand j’ai accompagné pendant deux mois mon père malade, ce n’était pas de la rigolade. Depuis, je sais que mon histoire, c’est ce que je fais, pas ce que je dis. Je me suis aussi renseignée auprès de La Cimade pour accompagner des détenus sortant de prison. Mais, là aussi, je crains d’être un peu tyrannique dans ma bienveillance : je vais vouloir être leur sauveuse… Je ne sais pas si je vais aller jusqu’au bout de ces démarches. C’est comme si je voulais aider à tout prix, sans avoir encore trouvé comment. Peut-être que ma manière sera de la sensibilisation dans les écoles. "

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