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  • Cécile Guéret

Enquête : "Réfugiés : ceux qui aident ont besoin d’aide"


À Paris, à deux pas de la rédaction de Psychologies, plusieurs centaines de réfugiés squattent depuis trois semaines sous la station du métro aérien Stalingrad. Des jeunes hommes principalement, mais aussi des femmes et des enfants, dans l’espoir d’un hébergement. Des habitants du quartier et des collectifs de citoyens les aident à survivre. Notre journaliste est allée à leur rencontre.

Depuis ce matin, c’est le printemps. Mais même dans le petit rayon de soleil qui arrose le coin de rue à la sortie du métro Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, il pèle sévèrement. Postée devant le café « Tout va mieux », j’ai rendez-vous avec Marie-Laure, 43 ans, une citoyenne engagée dans le collectif « La Veilleuse ». Sous le métro aérien, de l’autre côté du trottoir, un amas de sacs et de matelas repliés, de cartons, de couvertures de survie déchirées et des silhouettes emmitouflées. J’aperçois des hommes, des femmes, une poussette, des enfants. Ils dorment, discutent, attendent. A cette heure-ci (10h du matin), ils ne sont pas très nombreux sur le camp. La plupart sont partis vaquer à leurs activités : assister à des leçons de français dispensées par des associations aux quatre coins de la ville, prendre une douche, faire leurs démarches administratives… La nuit, ils sont environ 500 à squatter ici depuis 3 semaines, entre dix et vingt personnes nouvelles arrivant chaque jour. Afghans, Syriens, Soudanais, Somaliens, Erythréens… Une banderole flotte dans le vent glacé : « Nous voulons des papiers et des maisons ». Par texto, Marie-Laure, me prévient qu’elle ne pourra pas venir ce matin. Elle est partie aux urgences accompagner un jeune qui s’est fait renverser par une voiture aux abords du campement. Nous reportons notre rendez-vous à demain. Des rues adjacentes, arrivent trois blondinettes, la vingtaine, portant des marmites. C’est l’heure du déjeuner. Les réfugiés tirent une poubelle, la recouvrent de carton, et commencent à distribuer la nourriture à ceux qui font la queue, dans le silence. Je n’ose pas traverser. Qu'est ce qui me retient ? La crainte de me sentir trop affectée, trop impuissante. Je reste au bord du trottoir, suspendue au bord du vide.

La débrouille pour faire face aux urgences

Depuis hier, c’est le printemps. Il fait pourtant gris et froid, un vrai temps de novembre. Le vent glacé charrie des odeurs putrides. Emmaüs doit venir installer des toilettes, mais en attendant, sur le campement, chacun se débrouille comme il peut. J’aperçois Marie-Laure qui me fait signe. Je traverse enfin la rue. Elle m’explique qu’hier, les urgences se sont succédé : « Il y avait un jeune de 12 ans, tout seul, qui pleurait. Un bénévole qui était ici l’a amené au Dispositif d'accueil des mineurs isolés étrangers, pour qu’il soit pris en charge. Quand les jeunes semblent âgés, à partir de 16 ans par exemple, il est très fréquent qu’ils soient refusés. Et ils se retrouvent à la rue. Mais là, pas de doute possible : il est tout jeune, cela se voit. » En discutant avec d’autres bénévoles, nous apprenons aussi qu’un petit de deux ans a été accroché par une voiture hier. Heureusement, il n’a rien. » Quelques citoyens ou simples habitants du quartier venus aider, échangent des infos : Est-ce qu’il manque des duvets ? Est-ce qu’ils ont eu à manger hier soir ? Qui s’occupe d’apporter de la nourriture aujourd’hui ? (...)

Sommaire

  • La débrouille pour faire face aux urgences

  • La solidarité s’organise sur Facebook

  • Des citoyens solidaires et épuisés

  • Ce qui leur donne la force d'aider

  • Réfugiés : entre espoir et découragement

  • L’espoir d’un hébergement digne et durable

Retrouvez l'intégralité de l'enquête sur psychologies.com, ici.

Retrouvez aussi notre enquête "L'altruisme, c'est pas si facile" ainsi que notre "Guide pratique de l'engagement"

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