Comment aller à la rencontre de soi-même ? Comment s'aimer mieux ? Belle question n’est-ce pas ?
C’était le thème de l’émission « On est fait pour s’entendre » (à voir ou écouter en cliquant sur ce lien) de Flavie Flament sur RTL, à laquelle j’ai eu la chance de participer jeudi dernier en compagnie du philosophe Fabrice Midal auteur du livre « Sauvez votre peau ! Devenez narcissique ».
En photo, la pivoine toute rouge avec des choux sur la tête, c’est moi. Apprendre à s’aimer (ou à retoucher les photos), c’est un thème qui nous concerne tous plus ou moins… ;-)
En complément à l’émission de jeudi, voici 7 suggestions pour aller à la rencontre de nous-mêmes.
Prenons le temps de nous découvrir
La découverte de soi prend du temps, demande de la délicatesse, de l’attention. Comment procédons-nous avec une nouvelle connaissance ? La pressons-nous de questions pour savoir absolument tout d’elle ? Non, nous essayons en général de lui laisser le temps de se dévoiler tranquillement, à son rythme, sans l’envahir. Et nous faisons de même pour ce que nous lui confions de nous. Ayons donc cette précieuse attention dans la rencontre avec nous-mêmes.
Ne cherchons pas à tout changer
Ne cherchons pas non plus à changer intégralement qui nous sommes d’un coup de baguette magique. Non seulement cela pourrait nous plonger dans une grande insécurité, mais ça ne marcherait pas ! Préférons les petits pas, les toutes petites nouveautés qui nous semblent faisables et assimilables, progressivement. C’est un pied après l’autre que nous gravissons les montagnes, en ayant la confiance « que si l’on fait un pas de plus, il y aura bien un sol sous nos pieds » (2). C’est parce que nous avons avancé un pied (en abandonnant une croyance ou un comportement qui ne nous convenait plus), que nous savons alors que « l’instant qui suit n’est pas le bord d’un précipice » (3) et que nous pouvons avancer l’autre pied.
Soyons attentifs à nos ressentis
Les personnes que j’accompagne en gestalt-thérapie connaissent bien cette question, que je leur pose régulièrement (et ils ne se privent pas pour se moquer de ma petite obsession !) : « Quand vous me dites cela (sur la pression dans votre travail, l’enfermement dans votre couple, votre chagrin d’amitié… ) que ressentez-vous ? » Retrouver notre capacité à sentir, identifier nos ressentis singuliers (car personne ne sent la même chose que le voisin), apprendre à mettre des mots sur ce que nous vivons intimement, est en effet un chemin essentiel vers la connaissance de soi. Une boule d’angoisse dans la gorge, par exemple, est-ce une balle de tennis, une boule de neige, une balle de fer ? Est-elle douce, granuleuse, lourde, toute petite ? Est-ce agréable, gênant, insupportable ? C’est ainsi que, de l’image assez commune de la gorge nouée, nous découvrons ensemble que cette boule est, par exemple, une pelote de laine, verte comme ce pull d’enfance tricoté par grand-mère. Ce que nous pensions être de l’angoisse est finalement une présence réconfortante...
Reconnaissons nos qualités et nos défauts
L’indulgence que nous avons pour nos amis, que nous aimons avec (et non pas malgré) leurs défauts, pourquoi ne parvenons-nous pas à l’avoir pour nous-mêmes ? Pour mieux nous aimer et être plus en relation avec les autres, lâchons un peu cette contrainte de perfection que nous nous imposons. Soyons, pour reprendre la célèbre expression du psychiatre Donald Winicott « suffisamment bons » et reconnaissons nos qualités. Si nous ne sommes pas les rigolos de service ou les personnes super cultivées que nous aimerions être, peut-être sommes-nous doués aux fourneaux ou fidèles en amitié ? Nous avons tous des qualités, prenons soin de ne pas les dévaloriser et de ne pas nous focaliser que sur nos défauts.
Ayons de la tendresse pour notre imperfection
Nous sommes des humains imparfaits. Nous naissons ainsi, petits nourrissons pas finis, sans la moindre fourrure pour nous protéger, incapables de nous nourrir tout seuls ni de tenir sur nos pattes (à la différence du poulain ou de la girafe). Cette « néoténie », comme disent les biologistes, est le propre au genre humain. C’est bien sûr une grande vulnérabilité car nous dépendons alors des soins de notre environnement pour survivre. Mais c’est aussi cette défaillance naturelle qui nous permet de créer des liens avec nos semblables.
Soyons curieux de nous-mêmes
Nous avons souvent une idée bien précise de qui nous pensons être. Timide, maladroit, moulin à parole… Mais est ce vraiment ce que nous sommes aujourd’hui ? Ne sommes nous que cela, tout le temps ? Exister, c’est changer. Nous sommes en perpétuelle évolution. En étant curieux de nous-mêmes, nous pouvons ainsi réaliser que, selon les contextes, nous ne sommes plus l’enfant maladroit de nos 8 ans, ni le grincheux déprimé d’il y a 6 mois. Nous ne sommes pas condamnés à rester enfermés dans les barreaux d’une identité figée. Ni à subir les étiquettes que nous colle notre entourage. Vous sentez la libération qui vient ? Vous aussi, vous respirez mieux ? L’excellente nouvelle en bonus, c’est que nous pourrons toujours nous surprendre. Puisque nous ne nous connaissons jamais entièrement, nous abritons toujours une part d’inconnu, de surprise, de créativité et de changements à venir.
N’ayons plus peur de nous montrer
Nous cacher, nous obliger à vivre petit, c’est nous laisser mourir. Même si ça nous fait peur, nous avons plus à gagner à oser être pleinement qui nous sommes, à habiter notre propre grandeur, qu’à nous restreindre et nous ratatiner. Voici un texte de Marianne Williamson (4), une auteur américaine qui, je trouve, explicite magnifiquement cela (à part la référence religieuse, qui n’est pas trop mon truc) :
« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.
Notre peur la plus profonde est que nous soyons puissants au-delà de toutes limites.
C'est notre lumière et non nos ténèbres qui nous effraie le plus.
Nous nous demandons:
"Qui suis-je pour être brillant, magnifique, talentueux et fabuleux?
En fait, qui es-tu pour ne pas l'être ?
Tu es un enfant de Dieu.
Te restreindre et voir petit,
ne rend pas service au monde.
Il n'y a rien de brillant à se diminuer afin que les autres ne puissent pas se sentir menacés autour de toi.
Nous sommes tous nés pour briller, comme des enfants le font. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.
Elle n'est pas seulement chez certains d'entre nous, elle est en chacun de nous.
Alors que nous laissons notre propre lumière briller, inconsciemment
nous donnons aux autres la permission d'en faire de même.
Alors que nous nous libérons de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »
1) Perls, Hefferline et Goodman dans « Gestalt-Thérapie », traduction Jean-Marie Robine (L’exprimerie, Bordeaux, 2001).
2) Goodman, « Little prayers and Finite Experience », cité par Jean-Marie Robine dans « S’apparaître à l’occasion d’un autre » (L’exprimerie, Bordeaux, 2004).
3) Citation que j’ai, à tort, attribuée à Nelson Mandela lors de l’émission de jeudi dernier. La phrase est en fait extraite du livre « Un Retour à l’amour » (1992) de Marianne Williamson. Désolée pour cette erreur.